samedi, janvier 27, 2007

Platini marque le but le plus important de sa carrière


La frontière entre le bien et le mal

Michel Platini, grand compétiteur devant l'Eternel, a une fois de plus gagné - il y a des gens comme ça. Plus fort encore: tous les amoureux du football éprouvent l'agréable sentiment que cette victoire est aussi un peu la leur. Parce qu'on leur a expliqué que le Français, dont les géniaux coups de patte continuent à enchanter les mémoires, favoriserait la beauté et la moralité du jeu en détrônant ce vieux Suédois qui ne pense qu'à l'argent.

La vérité, à l'image de la frontière entre le bien et le mal, n'est sans doute pas aussi nette. «Platoche» et ses beaux discours méritent un crédit certain. Pour les gens du football d'en bas, qui ne caressent le pactole permanent que des yeux, il suscite même de l'espoir. S'il tient promesse, ce sera beau. Sinon, ce sera grave.

Fidèle compagnon de Sepp Blatter, patron du foot mondial en sa qualité de président de la FIFA, le nouveau boss de l'UEFA envisage «quelque chose de formidable» entre les deux instances suprêmes, jusqu'ici en bisbille. Cette réconciliation annoncée ne constitue, sur le papier, pas un mal. Dans les faits, on n'est pas sûr qu'elle représente un bien: la frontière est si ténue. Certains, comme le journaliste britannique Andrew Jennings, l'homme dont les sérieux travaux accusent Blatter de corrompre à tous vents, hurlent déjà à la catastrophe...

Michel Platini a rarement déçu sur un terrain. Il ne faudrait pas qu'il s'y mette dans un bureau. Avant le verdict, il évoquait son «testament footballistique» en cas de défaite. Sa victoire ressemble à un acte de naissance. On espère qu'il n'y a pas eu erreur sur le choix du parrain.