Inconnu il y a encore 6 mois, Avram Grant a réussi là où Jose Mourinho avait toujours échoué avec Chelsea: se qualifier pour la finale de la Ligue des Champions. Ce que Mourinho a raté en trois saisons - devenir champion d'Europe avec Chelsea - l'obscur Avraham Grant va-t-il le réaliser? Peut-être bien.
L'ancien entraineur de l'équipe nationale israélienne est un sacré sorcier. Il a réussi a motiver des joueurs démotivés par le départ de leur mentor Mourinho. De la 5e place au classement, aujourd'hui Chelsea est co-leader de la Premier League anglaise avec ManU. Avec cette même équipe, Chelsea se battra pour la couronne Européenne.
Surprise? Euphémisme. Colossale sensation, plutôt! D'autant que, loin de le considérer comme un sympathique intérimaire en attendant l'arrivée d'un nouveau supercoach, Roman Abramovitch, l'oligarque russe multimilliardaire président du club londonien, lui a fait signer un contrat de quatre années le 16 décembre dernier.
Une histoire cerne le personnage. En 2004, Grant occupe le poste de sélectionneur israélien. A ce titre, il veut assister à la Coupe d'Afrique des nations, dont la phase finale se tient en Tunisie, pays ennemi. Mais Grant obtient un visa très spécial, fruit des contorsions diplomatiques du correspondant à Paris du journal Yediot Aharonot, quotidien le plus diffusé en Israël. En échange, le bénéficiaire racontera en exclusivité, à son retour, tout ce qu'il a vu et vécu durant son séjour. Yediot tient ainsi un scoop géant: la vie secrète d'un entraîneur national israélien en terre honnie...
Ce qu'Avraham Grant n'avait pas mesuré à l'avance, ce fut la réaction archi-négative de tous les autres médias d'Israël, sans doute jaloux du bon coup de leur concurrent. Critiqué, démoli, lapidé par jets d'encre interposés, l'homme abdique fin 2005. Le temps d'avoir presque conduit l'équipe nationale au Mondial 2006, à un point de la Suisse, 2e du groupe éliminatoire, qui plus est sans avoir connu la moindre défaite (4 victoires, 6 nuls). Performance remarquable, pourtant qualifiée de décevante et de chanceuse par les observateurs.
Grant s'exile alors direction l'Angleterre, devient directeur technique de Portsmouth, rencontre Abramovitch qu'il finit par séduire grâce à ses analyses footballistiques pertinentes, ses idées et ses plans tordus. Grant est obsédé par l'aspect tactique du jeu, ce qui plaît au magnat russe. Celui-ci l'engage dans son staff pléthorique, puis éjecte Mourinho à son profit, salaire de 2,5 millions de francs à la clé.
Sur le site internet sportingo.com, on peut lire: «Mon sentiment est que Chelsea s'est doté d'un coach intelligent, sophistiqué, rusé, ambitieux, un professionnel qui sait travailler dur, et que nombre d'Israéliens vont devoir ravaler leurs paroles à son égard, voire manger leurs kippas!»
Mais revenons sur le fantastique match d'hier.
Chelsea y est enfin ! Après trois demi-finales perdues (2004, 2005, 2007), les deux dernières justement contre Liverpool, le club de Roman Abramovitch s'est pour la première fois de son histoire invité au dernier rendez-vous de la Ligue des Champions. Le destin l'enverra donc le 21 mai à Moscou sur la terre natale de son propriétaire !La première finale anglo-anglaise opposera les deux équipes qui luttent aussi toujours pour le titre de Premier League (et qui se sont rencontrées samedi dernier à Stamford Bridge pour une victoire des Londoniens 2-1), Chelsea et Manchester United, vainqueur pour sa part en demi-finale du FC Barcelone mardi soir (0-0, 1-0).
Dans ce Chelsea-Liverpool, chaque équipe eut d'abord sa mi-temps, et après que Fernando Torres (64e) ait répondu à Didier Drogba (33e). Il fallut pourtant avoir recours à la prolongation qui fut de trop pour Liverpool (3-2). Et au terme d'un match à couper le souffle (19 tirs pour Chelsea, 15 pour Liverpool !), le quintuple champion d'Europe tomba sous les coups de Drogba, auteur d'un doublé et gigantesque homme du match, même si les Anglais retiendront le penalty décisif transformé par Frank Lampard à la veille des obsèques de sa mère.
Ce fut l'image de la première mi-temps, Drogba glissant à genoux, sur la pelouse détrempée, pour célébrer l'ouverture du score face au banc de Liverpool et, surtout, à Rafael Benitez, qui l'avait accusé avant le match d'abuser les arbitres par ses simulations. Comme promis, l'attaquant ivoirien de Chelsea venait de répondre sur le terrain en reprenant de quinze mètre en biais un ballon repoussé par Reina sur un tir de S. Kalou (1-0, 33e). Chelsea trouvait la récompense d'une domination quasi constante. En dehors d'une très bonne sortie de Cech au devant de Torres (10e), Liverpool, malgré une possession de ballon supérieure (55% à la pause), n'avait en effet rien fait de bon. Rendue difficile par la pluie incessante, la pelouse compliquait les transmissions de balle mais Chelsea se montrait le plus précis par Lampard et Ballack tout en faisant aussi la différence athlétiquement.
Les Reds se refont après la pause
Drogba, qui rata le cadre de peu à la 19e minute, torturait à lui seul la défense des Reds. Les Blues s'essayaient aussi de 25 mètres ou plus par Drogba (6e), Essien (22e) et Ballack (26e), lequel, d'un splendide coup franc enveloppé au ras de la lucarne, fut très près d'accabler Liverpool juste avant la pause (42e).
Benitez éleva probablement la voix pendant le repos. Les Reds changèrent tout d'un coup de rythme et ils seraient déjà revenus dans le match sans un réflexe de Cech sur un tir de Kuyt (48e). Le gardien tchèque s'inclinait finalement après un décalage parfait de Benayoun vers Torres qui marquait le premier but de Liverpool à Stamford Bridge depuis celui de Bruno Cheyrou il y a plus de quatre ans (1-1, 64e) !
Lampard et Drogba font le break
Ce n'était plus du tout le même match. Liverpool s'était rendu maître du milieu. Avram Grant allait relancer son équipe en faisant rentrer Malouda à la place de Kalou (70e) puis Anelka à celle de J. Cole à l'entame d'une prolongation totalement folle. Après un tir repoussé d'Anelka, Essien se vit d'abord refuser un but pour un double hors jeu de position de deux de ses coéquipiers pourtant passifs sur l'action (95e), et cent secondes plus tard l'arbitre italien Roberto Rosetti accordait un penalty indiscutable aux Blues pour une faute d'Hyppia sur Ballack (97e). Dans la terrible détresse qui est la sienne actuellement, le pied de Frank Lampard ne tremblait pourtant pas (2-1). Puis, Drogba coupait au premier poteau un centre parfait d'Anelka (3-1, 105e) ! Ensuite, Liverpool réclamait à son tour - vainement - un penalty pour une intervention de Drogba sur Hyypia - le monde à l'envers ! - Babel maintenait le suspense jusqu'au bout d'un tir de plus de trente mètres mal négocié par Cech (3-2, 117e). Il était trop tard pour les Reds.
jeudi, mai 01, 2008
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